La démarche 

pucebul.GIF (179 octets) Afin d'optimiser la gestion des déchets de chantier au niveau des coûts et au niveau de l'efficacité, il convient de s'intéresser aux filières de traitement et d'évacuation qui vont finaliser le résultat désiré, c'est-à-dire le choix des entreprises de valorisation les mieux adaptées aux déchets produits sur le chantier.

Afin de réaliser le meilleur choix, le gestionnaire du compte déchets doit :

- recenser les filières locales de valorisation,

- connaître leurs procédés,

- en déduire des solutions au traitement des déchets du chantier.

pucebul.GIF (179 octets) Lorsque les entreprises locales de récupération et de recyclage ont été contactées et recensées, il pourra dresser une liste quasi exhaustive d'entreprises capables de traiter un ou plusieurs déchets du chantier en question. Dans la partie qui suit, les techniques, les problèmes et les solutions possibles sont exposées pour chaque type de déchet, ainsi qu'un exemple d'entreprise de récupération.

pucebul.GIF (179 octets) En phase préparation de chantier, un choix définitif des entreprises de récupération sera établi en fonction des critères suivants :

- Intérêt pour la démarche

- Prix de reprise du matériau

- Proximité du chantier et du siège de l'entreprise de récupération

- Prise en charge du transport

- Polyvalence (récupération de plusieurs types de déchets)

- Collaboration avec un autre sous traitant

- Prestation de service (dépose de matériel, ...)


Quelques éléments sur les filières 

MÉTAUX                                                                                                                

Les métaux de récupération non ferreux présentent un intérêt considérable dans l'industrie. En effet, 36 % du cuivre, 24 % de l'aluminium et 45 % du plomb produits dans le monde proviennent des métaux de récupération. De même, les ferrailles récupérées représentent 44 % de la production mondiale d'acier.

Tableaux électriques et fils

Provenance du déchet : disjoncteurs et câblages électriques des tableaux.

Utilisation : récupération pour refonte et fabrication de métal neuf.

Procédé :

- broyage,
- triage densimétrique (métal/gaine),
- triage magnétique (fer/autres métaux),
- triage à induction (cuivre/aluminium/plomb).

EXEMPLE DE l'EURL VARRAY - 34170 CASTELNAU LE LEZ

L'entreprise VARRAY récupère les métaux non ferreux, notamment les cartes électroniques et les câbles électriques et téléphoniques. La capacité de traitement de l'unité est de 80 à 100 tonnes par mois avec une production de déchets plastiques (gaines de câbles) d'environ 40 à 50 tonnes par mois. La séparation des matières plastiques et des métaux est réalisée par broyage et tri. Les déchets plastiques sont, à l'heure actuelle, mis en décharge. Une étude, au sujet de leur recyclage, a été réalisée avec le CEREMAP et l'École Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier. Le recyclage est possible mais n'est pas rentable : les matières recyclées à partir de gaines sont plus chères que les matières neuves. D'autres contacts ont été pris pour trouver une solution à ce problème.

La séparation métaux/plastiques : procédé

Les câbles sont introduits dans un pré-broyeur qui permet l'obtention de morceaux d'environ 2cm. Ceux-ci sont ensuite conduits jusqu'au broyeur par un tapis sur lequel est disposé un déferrailleur qui permet l'élimination des métaux ferreux.
Dans le broyeur, les morceaux de câbles sont alors réduits en "grenaille" (leur dimension est alors de quelques millimètres selon les câbles traités et le choix de la grille du granulateur). Puis ils sont broyés dans un conduit vertical à créneaux où un courant d'air ascendant permet la mise en suspension des particules les plus légères et, par conséquent, la séparation des particules métalliques les plus lourdes.
Le mélange restant est quant à lui dirigé sur une table vibrante munie d'un dépoussiéreur. Cette table permet la séparation densimétrique finale des plastiques et des métaux. On peut, si nécessaire, réinjecter dans le processus le matériau obtenu pour effectuer des tris supplémentaires et obtenir une meilleure qualité des métaux en bout de chaîne.

Analyse de la filière :

Les entreprises de la filière achètent les métaux au prix du marché : ces prix sont donc soumis à fluctuations et dépendent du rendement obtenu au broyage du déchet (dans notre cas, pour les tableaux électriques).

 

Fonte / Acier

Provenance du déchet : radiateurs.

Utilisation : récupération pour refonte en aciérie.

Procédé :

- broyage,
- triage magnétique (fer/autres).

EXEMPLE DE RÉCUPÉRATION : la société SAINT PIERRE - 34000 MONTPELLIER

L'entreprise Saint Pierre récupère les métaux, issus de ferrailles ou de chutes de production par exemple et les revend aux aciéries, après préparation si nécessaire.

EXEMPLE DE RECYCLEUR : l'entreprise PURMET (Groupe C.F.F.) - 30210 LEDENON

L'unité de LEDENON broie des ferrailles (notamment carcasses de voitures et appareils ménagers) qui seront ensuite utilisables par les aciéries. Elle transforme donc des déchets en matière première.
Son broyeur traite environ 6000 tonnes de F.A.B. (Ferrailles à broyer) par mois. L'unité n'est pas équipée pour faire elle-même la collecte mais est approvisionnée par plusieurs entreprises de Montpellier. Ce site emploi environ 12 personnes : 2 postes horaires se succèdent dans la journée ; l'entretien du broyeur a lieu quotidiennement entre les 2 postes. Tous les appareils et postes de commande sont reliés par radio, pour le bon fonctionnement et la sécurité de l'installation.

Broyage : aspects techniques

Les ferrailles sont livrées par semi-remorques et pesées par la bascule avant de rejoindre le stock. Une grue assure alors l'alimentation de la goulotte du broyeur. L'opérateur du poste de commande, en liaison avec la grue, conduit le broyage avec le plus de régularité possible. Les poussières et les particules légères sont aspirées et traitées dans des colonnes, par apport d'eau. Elle sont ensuite évacuées sous forme de boues.
Parallèlement, les ferrailles broyées subissent une série de tris : manuels, mécaniques (par criblage), magnétiques (par induction et courants de Foucault).
Les produits ferreux peuvent ensuite être commercialisés.
Les produits non ferreux subiront de nouveaux tris (par flottation) dans un autre centre de la C.F.F.
Enfin, les produits non valorisables seront mis en décharge (classe II).

Débouchés et aspect économique - Incidence sur la politique technique

Les produits obtenus après broyage sont notamment vendus à Ascométal (13270 - Fos-sur-Mer) ou exportés. La société UGINE  (30290 - L'Ardoise) achète aussi des ferrailles broyées pour la fabrication d'aciers spéciaux : elle a besoin d'une qualité de ferrailles particulière qui exclut la fonte. L'unité de Lédenon s'est donc placée sur ce créneau, en intégrant des exigences en terme de qualité et de contrôle. Par exemple, un tri visuel est a effectuer à l'entrée de la goulotte, pour éliminer la fonte.
Il reste cependant un problème économique pour l'unité de Lédenon : des 6000 tonnes traitées par mois par le broyeur, 1500 tonnes (déchets de broyage : pneus...) sont mise en décharge après broyage. Étant donné le prix de la mise en décharge (300 F / tonne), la contrainte financière est lourde et, actuellement, incompressible.

Évaluation de l'unité :

L'unité de Lédenon pourrait être amenée, avant la fin de l'année 1995, à effectuer la collecte de ferrailles. Ce projet a plusieurs avantages :
- une plus grande liberté vis-à-vis des ferrailleurs et des récupérateurs,
- la capacité de traiter directement avec des processeurs de gisement de tailles variées.


BOIS                                                                                                 

Le recyclage du bois est confronté à deux problèmes :

- la présence de peinture ou de vernis le rend impropre à une transformation en pâte à papier et peut produire des émanations toxiques lors d'une incinération,
- les éléments métalliques et les pointes compliquent le recyclage et rendent le tri nécessaire.

Provenance du déchet : menuiseries extérieures, portes palières, palettes.

Utilisation :

- fabrication de copeaux énergétiques pour chaufferies,
- fabrication de panneaux de particules,
- recyclages et réparations de palettes.

Procédé :

- élimination des parties métalliques,
- broyage,
- compactage.

EXEMPLE DE L'ENTREPRISE BARJOL - 84200 CARPENTRAS

M. BARJOL dirige une entreprise agricole. Une chaudière alimentée de copeaux de bois lui permet de chauffer ses serres. Il dispose d'un broyeur permettant la fabrication de copeaux à partir de déchets de bois. Ces copeaux sont destinés à la chaufferie. La combustion du bois permet le chauffage d'eau et l'alimentation des serres par un circuit d'eau chaude.
L'entreprise loue aussi des bennes et a un projet de récupération de plastiques (polyéthylène) : une installation de compactage pourrait être construite dans un hangar près de la chaudière.

Broyeur : aspects techniques

Le broyeur utilisé est un broyeur WILLIBALD MZA 2500 de 184 KW. Il représente un investissement de plus d'1 million de francs et un entretien coûteux. L'entreprise demande donc des frais de traitement  (de l'ordre de 12 F le m3 à la réception des déchets de bois).
La capacité du broyeur est de 30 m3/heure pour des palettes entières, et de plus de 50 m3/heure pour du bois déjà brisé. Un déferrailleur magnétique placé en sortie du broyeur, récupère les vis des palettes.

Débouchés :

Le bois broyé et les copeaux sont directement stockés et utilisés par la chaudière. Pendant la période de froid nocturne de septembre à mars, 40 m3 par nuit sont consommés, ce qui représente une consommation d'environ 1000 tonnes par saison. Les copeaux de bois sont mélangés à un autre combustible constitué de noyaux de cerises, olives ou abricots. Les serres ainsi alimentées en eau chaude permettent la culture des tomates en toute saison.

Problèmes rencontrés :

Si la récupération et la réparation des palettes ne posent aucun problème, le recyclage du bois traité, notamment peint, est, au contraire, complexe. Les filières rencontrées offrent cependant la possibilité d'un recyclage, après broyage, comme combustible sous forme de copeaux pour chaufferies et serres.

La circulaire 95/08 du 5 janvier 1995, relative aux prescriptions applicables aux installations de combustion incinérant des déchets, restreint les déchets issus du broyage du bois peint. Ainsi, seul les déchets de biomasse non souillés peuvent être utilisés comme déchets de combustion de substitution dans des installations telles que les chaufferies. Cette circulaire exclut tout déchet imprégné ou revêtu d'une substance quelconque, c'est-à-dire enduit, peint, imprimé, collé ou traité d'une quelconque manière.

Les déchets de bois peints relèvent donc des installations d'incinération des déchets ménagers et assimilés. Le coût de traitement est alors plus élevé, de l'ordre de 600 F la tonne pour l'usine de Sète par exemple.

Après tri sur chantier, les solutions suivantes seront envisageables pour le traitement du bois peint :
- incinération en installation classée,
- mise en décharge,
- récupération pour broyage et valorisation énergétique en chaufferie industrielle : pour être en accord avec la législation, il faut alors procéder à un décapage. Une autre possibilité consiste à "diluer" les copeaux de bois traités dans un autre combustible considéré comme non souillé . Il est alors nécessaire de connaître la composition chimique de la peinture mais aussi des émanations gazeuses lors de la combustion : ce travail peut être confié à un laboratoire.
- certaines astuces peuvent être trouvées sur le chantier (réutilisation des portes comme tables,...) mais ne sont pas généralisables.


VERRE                                                                                               

Les verreries assurent les débouchés de la filière de récupération du verre. Le verre récupéré permet, en effet, d'importantes économies d'énergie car il diminue la température de fusion.

Provenance du déchet : Vitrage des menuiseries.

Utilisation : Récupération pour refonte en verrerie sous forme de calcin.

Procédé :
- broyage,
- tri et élimination des corps métalliques par détection électromagnétique.

EXEMPLE DE L'ENTREPRISE RECOVER - 30600 VAUVERT

L' entreprise RECOVER possède un chantier de récupération équipé d'engin et d'une presse de 200 tonnes. Elle récupère le verre, les ferrailles (carcasses de voitures, boites de conserves provenant d'usines...) et le carton qu'elle fournit à l'entreprise ROSSI.

Récupération du verre :

Les semi-remorques équipées d'un bras de grue de l'entreprise RECOVER collectent le verre ménager des communes et le transportent directement jusqu'en verrerie. L'entreprise possède aussi des bacs de 1 m3 qui peuvent être déplacés par un chariot élévateur.
RECOVER a un projet d'installation de stockage et de tri du verre, d'ici l'année 1996. Cette installation permettrait une meilleure valorisation du matériau et la récupération de verres habituellement non récupérables.


PLASTIQUES                                                                                       

Provenance du déchet : chutes de menuiseries P.V.C., emballages.

Utilisation :
- recyclage et réinsertion dans des cycles de production,
- fabrication de cales et matériaux de bourrage.

Procédé :
- broyage, compactage,
- granulation ou micronisation pour réinjections dans la fabrication.

Problèmes rencontrés :

Le recyclage des matières plastiques est difficile. Non seulement le coût des matériaux neufs est bas mais la diversité des matières plastiques rend, de plus, le tri nécessaire et complexe. Les deux types de déchets  plastiques qui peuvent apparaître le plus fréquemment sur un chantier sont :
- des chutes de menuiserie P.V.C. à la mise en œuvre,
- des emballages en polyéthylène (PE) et en polystyrène expansé (PSE).

En ce qui concerne le P.V.C., les circuits de récupération existent déjà entre les fabricants de profilés et de menuiseries. Les chutes de fabrication des menuiseries sont réintégrées dans le cycle de production. De plus, le pourcentage de déchets à l'installation des menuiseries  sur chantier est minime. Les rares déchets de P.V.C. ne seront donc pas en quantité suffisante pour être récupérés et seront donc mis en décharge.

Des récupérateurs existent pour les emballages tels que les housses polyéthylène ou le PSE. Cependant, pour espérer une récupération rentable il faut avoir des quantités suffisantes de déchets d'emballages. Si l'on a de petites quantités de déchets d'emballages en matière plastique, il faut trouver une entreprise de récupération très proche du chantier pour éviter une mise en décharge de classe II, ou négocier avec son fournisseur pour qu'il reprenne les emballages.


MATÉRIAUX HYDROCARBONÉS (bitume)                                   

Il n'existe pas actuellement de filière organisée pour la récupération de ces matériaux. La Chambre Syndicale Nationale de l'Étanchéité a d'ailleurs lancé une démarche, en collaboration avec la F.N.B. (Fédération Nationale du Bâtiment), pour développer le recyclage et la récupération.

Il existe des possibilités de récupération, notamment par régénération et incorporation dans des enrobés routiers. Les matériaux concernés sont des matériaux fraisés de granulométrie 0/20, qu'on peut régénérer dans des centrales équipées d'anneaux de recyclage. Cependant, chaque type de déchet nécessite une étude de formulation d'enrobé particulière : ce qui implique un gisement important en amont si on vise la rentabilité. En ce qui concerne les étanchéités des bâtiments, des expériences ont été tentées par le C.E.T.E de Blois avec l'entreprise SIPLAST, fabricant de membranes pour étanchéités.


INERTES                                                                                              

Provenance du déchet : gravats d'une éventuelle démolition, chutes de terre cuite, faïences, etc.

Utilisation : sous-couche et remblais dans les T.P. et le bâtiment.

Procédé : broyage et criblage.

EXEMPLE DE L'ENTREPRISE ALPHA Recyclages - (34) VILLEVEYRAC

Cette entreprise récupère les gravats de démolition et les concasse. Pour amortir l'usure de son broyeur, elle demande des frais de traitement qui varient de 10 à 30 F la tonne. Le matériau concassé obtenu est un 0/60 utilisable dans les Travaux Publics.


DÉCHETS SPÉCIAUX                                                                       

Provenance du déchet : sacs ou pots de peinture, pots de colle, etc.

Utilisation et Procédé : récupération et recyclage à l'étude.

 

EXEMPLE DES ENTREPRISES A.T.O. - (30) SOMMIÈRES et S.E.A.R.M.I.P. - (34) BÉZIERS

Ces entreprises peuvent récupérer les pots de peinture et de colle. Elles ont chacune un centre de transit agréé. Elles recherchent le centre de traitement au meilleur prix et garantissent l'élimination du déchet. L'ordre de grandeur des prix est de 5000 à 5500 F la tonne pour les emballages souillés. Il ne s'agit pas à proprement parler de recyclage, mais ce traitement est obligatoire quand il existe un gisement de déchets spéciaux.