pucevert.GIF (255 octets) QU'EST-CE QU'UN CHANTIER VERT ? Retour au sommaire chantiers verts


Pour un chantier de construction, réduire les nuisances environnementales répond à deux objectifs, selon deux échelles :

• celle du chantier et de sa proximité. Il s’agit alors des nuisances ressenties par les usagers, extérieurs ou intérieurs au chantier : le personnel du chantier, les riverains, les occupants dans le cas de réhabilitation, les usagers de la voie publique. Ces nuisances sont par exemple le bruit, les salissures, les circulations, les stationnements,      

• celle de l’atteinte à l’environnement et à la population en général. L’objet est alors de préserver les ressources naturelles et de réduire l’impact des chantiers sur l’environnement. Cet objectif revêt une importance particulière au regard des nuisances provoquées par l’ensemble des chantiers de bâtiment, surtout en termes de déchets produits et de pollutions induites.

On distingue trois types de cibles pour la mise en œuvre d’actions de gestion et de réduction des nuisances environnementales :

• les flux entrants du chantier : engins et matériels utilisés sur le chantier, matériaux et produits mis en œuvre...

• le chantier lui-même : techniques employées, organisation du pré-tri...

• les flux sortants du chantier : déchets évacués, nuisances générées vis-à-vis des riverains...

Réduire toutes ces nuisances, dans les contraintes économiques difficiles de la construction, peut sembler une gageure. Cependant, tous les acteurs sont concernés, chacun peut y trouver un intérêt propre. La maîtrise d’ouvrage répond ainsi mieux aux besoins de ses clients et de la collectivité dont elle dépend ; la maîtrise d’œuvre peut proposer des améliorations globales à un moindre coût ; l’entreprise travaille différemment ce qui peut devenir un atout, pour elle, vis-à-vis de la concurrence.

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pucever.GIF (255 octets) Nuisances perçues par les usagers et les riverains du chantier Retour au sommaire chantiers verts

La présence d’un chantier, surtout en site urbain, peut induire dans un quartier de multiples nuisances qu’il convient de minimiser. Leur réduction permet en outre de limiter les problèmes de sécurité associés et les plaintes déposées par les riverains.

La sensibilité des riverains à des nuisances plutôt qu’à d’autres dépend des personnes (catégorie socioprofessionnelle, âge, locataire ou propriétaire, ancienneté dans le quartier, habitant ou professionnel...), de leur expérience en matière de vécu de chantier et du type de quartier, du type d’habitat (isolation acoustique, date du dernier ravalement...). Aussi, préalablement au démarrage du chantier, cette sensibilité doit être étudiée, par le biais d’enquêtes, afin de la prendre en compte autant que possible.

Il est impératif de prendre connaissance des textes réglementaires, y compris municipaux, pouvant concerner les chantiers. De plus, des contacts doivent être établis avec les services municipaux pour examiner les points qui peuvent être traités en concertation et bénéficier, le cas échéant, des compétences humaines et des ressources matérielles de ces services.

En phase terrassement et pendant les autres phases du chantier par temps de pluie, les sorties d’engins et de camions sur la voie publique provoquent des dépôts de boue. En plus des nuisances visuelles dues à la saleté de la chaussée, se posent des problèmes de sécurité. La chaussée devient glissante et les risques d’accident sont accrus.

Article 99.7 du Règlement sanitaire départemental type (Circulaire du 9 août 1978) concernant les abords des chantiers : "Les entrepreneurs des travaux exécutés sur la voie publique ou dans les propriétés qui l’avoisinent doivent tenir la voie publique en état de propreté aux abords de leurs ateliers ou chantiers et sur les points ayant été salis par suite de leurs travaux".

Les émissions de poussières, souvent importantes lors du remplissage des silos à ciment en phase gros œuvre et dans le cadre d’une rénovation, sont en général mal perçues.

Article 96 du Règlement sanitaire départemental type (Circulaire du 9 août 1978) concernant la protection des lieux publics contre la poussière : "...toutes les opérations d’entretien des habitations et autres immeubles ainsi que les travaux de plein air s’effectuent de façon à ne pas disperser de poussière dans l’air, ni porter atteinte à la santé ou causer une gêne pour le voisinage".

Les palissades en bac acier habituellement utilisées pour clôturer les chantiers subissent des dégradations qui nuisent

à leur aspect. Cela ne contribue pas à

donner une image propre du chantier et constitue une nuisance visuelle pour les

passants. Ces dégradations sont provoquées par des passants curieux, des collages d’affiches, des graffitis. En outre, quand les palissades sont trop basses, des déchets encombrants sont souvent déposés par des particuliers dans les bennes du chantier.

Toutes ces nuisances induisent des coûts supplémentaires de réparation des clôtures et de gestion des déchets.

Article 99.7 du Règlement sanitaire départemental type (Circulaire du 9 août 1978) concernant les abords des chantiers : "Les chantiers ouverts sur la voie publique ou en bordure de celle-ci doivent être entourés de clôtures assurant une protection et une interdiction de pénétrer efficaces".

La circulation d’engins de chantier, de camions de livraison, de véhicules des différentes entreprises, accroît sensiblement le trafic aux environs du chantier. Les gros engins posent des problèmes d’encombrement et de sécurité. Cette gêne est ressentie de façon plus aiguë en site urbain, dans les rues étroites, à proximité d’une école, les heures et jours d’affluence (entrée et sortie du travail, jours de marché...).

L’incommodité due à l’augmentation de trafic s’étend au-delà des abords immédiats du chantier. Les moyens pour canaliser ce trafic doivent être recherchés avec les administrations concernées.

Les véhicules privés des compagnons, les fourgons et autres véhicules professionnels des entreprises, les camions de livraison en attente d’entrer sur le chantier sont autant de véhicules supplémentaires à garer dans le quartier. Le stationnement de ces véhicules en bordure de chantier encombre les circulations et induit des risques d’accidents. L’occupation des places de stationnement habituellement utilisées par les riverains et autres usagers les gêne dans leur vie quotidienne. La raréfaction des possibilités de stationnement peut par ailleurs porter préjudice aux commerces voisins.

La recherche d’emplacements de stationnement pour les véhicules du chantier doit être menée avec la municipalité.

Les nuisances acoustiques concernent à la fois les riverains, les occupants et le personnel de chantier. Elles peuvent nuire au confort et à la santé, ainsi que troubler les activités du quartier (écoles, hôpitaux...). Elles sont aujourd’hui à l’origine de nombreuses plaintes auprès des services municipaux.

Des textes réglementaires municipaux ou préfectoraux exigent fréquemment le respect de niveaux sonores maximum en limite de chantier selon des plages horaires précises, dont il convient de s’enquérir avant le démarrage du chantier.

Selon l’article R 48-5 du Code de la santé publique résultant du Décret n°95-408 du 18 avril 1995 relatif à la lutte contre les bruits de voisinage, sera en infraction "...toute personne qui, à l’occasion de chantiers de travaux publics ou privés et de travaux intéressant les bâtiments et leurs équipements soumis à une procédure de déclaration ou d’autorisation, aura été à l’origine d’un bruit de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme et qui : soit n’aura pas respecté les conditions d’utilisation ou d’exploitation, de matériels ou d’équipements, fixées par les autorités compétentes ; soit aura négligé de prendre les précautions appropriées pour limiter ce bruit ; soit aura fait preuve d’un comportement anormalement bruyant".

Chaque chantier est spécifique en matière d’émissions acoustiques selon les techniques constructives choisies et l’environnement du chantier ; de plus celles-ci évoluent au fur et à mesure des travaux.

Les nuisances acoustiques sont générées par des engins, matériels et travaux bruyants, ou sont dues à un mauvais positionnement de la source (vibrations, absence d’écran...). Les éclats de voix des compagnons constituent également une gêne pour les riverains.

La réglementation nationale relative à la limitation des émissions sonores des matériels et engins de chantier est constituée par l’Arrêté du 11 avril 1972. Celui-ci couvre tous les matériels et engins à moteur thermique utilisés sur les chantiers, à l’exception des catégories visées par les directives européennes telles que les moto-compresseurs, les groupes électrogènes, les brise-béton et les marteaux-piqueurs, etc. Une procédure d’homologation française et une procédure européenne cœxistent donc actuellement en France pour les matériels et engins de chantier. Les engins très anciens, construits avant la date d’entrée en vigueur de la réglementation les concernant, ne peuvent être utilisés à moins de 100 m des bâtiments d’habitation et professionnels.

La Loi 92-1444 du 31 décembre 1992, relative à la lutte contre le bruit, prévoit dans son article 2 que tous les objets susceptibles de provoquer des nuisances sonores élevées doivent être insonorisés et homologués. Le Décret d’application 95-79 du 23 janvier 1995, concernant les objets bruyants et les dispositifs d’insonorisation, renvoie à des arrêtés le soin de fixer, catégorie par catégorie de matériels, les niveaux limites admissibles et la mesure correspondante. Les nouvelles dispositions concernent principalement les contrôles et surtout les sanctions, qui sont notablement renforcées, car il est désormais possible de saisir les matériels non conformes.

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pucever.GIF (255 octets) Nuisances perçues par le personnel du chantier Retour au sommaire chantiers verts

Les niveaux de bruit élevés sur un chantier peuvent altérer rapidement, et souvent irréversiblement, les capacités auditives des compagnons. Il faut chercher à les réduire et inciter les compagnons à porter des protections individuelles.

Les dispositions du Code du travail s’appliquent en matière de protection des travailleurs contre le bruit sur les chantiers, en particulier l’article L. 231-8 et les articles R. 232-8 à R. 232-8-7. L’employeur est tenu de réduire le bruit au niveau le plus bas possible compte tenu de l’état des techniques, le niveau d’exposition au bruit devant être compatible avec la santé des travailleurs (protection de l’ouïe). Lorsque l’exposition sonore quotidienne subie par un travailleur ou la pression acoustique de crête dépassent respectivement 90 dB (A) et 140 dB, un programme de mesures de nature technique ou d’organisation du travail, destiné à réduire l’exposition au bruit, doit être établi et mis en œuvre par l’employeur. Des dispositions doivent être prises pour que des protecteurs individuels soient utilisés, ces derniers devant être mis à disposition lorsque les niveaux précédents dépassent respectivement 85 dB (A) et 135 dB.

Les travaux exposant à un niveau de bruit supérieur à 85 décibels nécessitent une surveillance médicale spéciale (Article 1er de l’Arrêté du 11 Juillet 1977). De plus, certains travaux tels que l’utilisation de pistolets de scellements, le sciage de matériaux minéraux, l’utilisation d’engins de chantier bruyants (chargeuses, pelles mécaniques, etc.), font partie des travaux exposant aux bruits lésionnels, dont les affections sont considérées comme des maladies professionnelles (Tableau 42 des maladies professionnelles du Code de la sécurité sociale et Décret n°55-806 du 17 juin 1955).

Une modification des comportements doit être envisagée ; ceux-ci peuvent varier très largement de même que les bruits associés, pour la réalisation d’une même tâche. Par exemple, un compagnon tape trois fois plus sur un serre-joints mal nettoyé que sur le même bien entretenu ; de même il lui est inutile de frapper la cuve d’une centrale à béton maintenue propre depuis l’origine pour en détacher la laitance.

Sur les chantiers sont mis en œuvre des matériaux, des produits et des techniques pouvant parfois présenter des risques vis-à-vis de la santé des compagnons, notamment quand ces mises en œuvre se répètent fréquemment pendant leur carrière. Les recenser avant le début des travaux permet de les remplacer par d’éventuels substituts moins nocifs ou au minimum de mieux organiser la protection des compagnons.

Quelques exemples : remplacer les colles à base de solvants organiques par des colles à base de résines acryliques, d’un coût plus élevé mais obtenant un résultat technique équivalent ; remplacer les peintures glycérophtaliques, polluantes et dégageant une forte odeur par des peintures en phase aqueuse, mais leurs qualités techniques et leur durabilité doivent être encore étudiées ; remplacer les huiles minérales de décoffrage, à l’odeur forte et tenace, par des huiles à base végétale.

Autre exemple en réhabilitation et en démolition, la dépose des couvertures en amiante-ciment doit faire l’objet de précautions particulières. Les opérations de démolition pouvant générer des quantités importantes de poussières, chutes et bris de plaque doivent être évitées. Il faut privilégier le démontage des matériaux en place, procédure facilitant le tri sélectif. Si le démontage est impossible, il est alors recommandé d’arroser la zone démolie pour limiter la dissémination de poussières dans l’environnement immédiat du chantier.

(Voir la Recommandation relative à la dépose d’amiante-ciment à paraître dans les cahiers du CSTB et les publications de l’Organisme Professionnel de Prévention du BTP - OPPBTP.)

Dans le cas d’une dépose, le Décret n°96-98 du 7 Février 1996, relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à l’inhalation de poussières d’amiante, impose l’élaboration d’un plan de démolition et, sauf impossibilité technique, un retrait préalable des matériaux en amiante avant démolition. Ce Décret donne comme valeur limite d’exposition pour les utilisateurs de produits en amiante-ciment 0,1 f/cm3 sur une heure de travail.

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pucever.GIF (255 octets) Pour la protection de l’environnement Retour au sommaire chantiers verts

La protection de l’environnement et de la santé est depuis quelques années au centre des choix stratégiques des acteurs de la construction locaux, nationaux, européens, voire internationaux. La production de matériaux et de produits pour le bâtiment, leur mise en œuvre, leur usage et maintenance, leur recyclage ou l’élimination des déchets induits peuvent avoir un impact environnemental important et des effets éventuels sur la santé.

 

Au cours d’un chantier, en l’absence de précautions particulières, diverses substances liquides sont susceptibles d’être déversées sur le sol et d’être entraînées vers les nappes phréatiques, générant des pollutions parfois difficiles à résorber. De même, le rejet, dans les réseaux de collecte et d’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées, de solvants et autres produits dangereux est susceptible de créer des pollutions importantes. Il peut aussi endommager les réseaux et les installations de traitement des eaux usées. En outre, ces substances peuvent nuire à la santé du personnel d’exploitation. Aussi des systèmes de rétention et de collecte de ces produits sur le chantier, en vue de leur élimination conforme à la réglementation, doivent être prévus.

L’article L35-8 du Code de la Santé Publique interdit le déversement d’eaux usées, autres que domestiques, dans les égouts publics sans autorisation préalable de la collectivité.

Le Règlement sanitaire départemental type (Circulaire du 9 août 1978) interdit dans son article 29.2 d’introduire directement, dans les ouvrages publics d’évacuation des eaux pluviales et usées, toute matière, notamment les hydrocarbures, susceptible d’induire un danger pour le personnel d’exploitation des ouvrages d’évacuation et de traitement des eaux, de dégrader ces ouvrages ou de gêner leur fonctionnement. De plus dans son article 90, il interdit les déversements ou dépôts de matières usées ou dangereuses dans les voies, plans d’eau ou nappes.

Quand le béton est fabriqué sur le chantier, le sol et les nappes phréatiques peuvent être pollués par les eaux de lavage de la centrale, constituées de laitance et de résidus de béton. Des systèmes de récupération et de décantation de ces eaux doivent être prévus. Par ailleurs, il faut empêcher le déversement de laitance de béton dans les réseaux, qui peuvent à terme être obstrués après séchage.

Quant aux huiles de décoffrage, leur application ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune précaution particulière, tant en termes de ratios de consommation que de mesures de protection des sols sur les lieux de remplissage des pulvérisateurs et d’enhuilage des banches. Des études préliminaires de vulnérabilité du terrain devraient être systématiquement menées afin de préciser les mesures à prendre pour limiter ces pollutions.

Le Décret n°77-254 du 8 mars 1977 interdit le déversement, par rejet ou après ruissellement sur le sol ou infiltration, des huiles (huiles de graissage etc.) et lubrifiants neufs ou usagés dans les eaux superficielles, souterraines et de mer.

L’article 2 du Décret n°79-981 du 21 novembre 1979 oblige les détenteurs d’huiles minérales ou synthétiques usagées, provenant de leurs installations et accumulées dans leur propre établissement en raison d’activités professionnelles, à les recueillir et les stocker en évitant notamment les mélanges avec de l’eau ou tout autre déchet non huileux.

Ils doivent les conserver dans des installations étanches jusqu’à leur ramassage ou leur élimination.

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pucever.GIF (255 octets) Les déchets Retour au sommaire chantiers verts

Comme les activités industrielles, l’activité Bâtiment consomme des ressources naturelles et génère des quantités non négligeables de déchets.

Quantification des déchets de construction et de réhabilitation

En milliers de tonnes

Construction

Réhabilitation Dépose

Réhabilitation Construction

Total

"INERTES"

1 879

6 578

527

7 105

DIB*

204

2 745

131

2 876

EMBALLAGES (DIB*)

169

0

127

127

DIS**

57

1 177

94

1 271

TOTAL

2 309

10 500

879

11 379

* DIB : Déchets Industriels Banals, **DIS : Déchets Industriels Spéciaux.
Source : Déchets de chantier. Quantification nationale, FNB - ADEME, janvier 1996.

Les déchets de chantier de bâtiment, y compris ceux issus de la démolition, représentent au total environ 31 millions de tonnes produites par an, soit l’équivalent du tonnage annuel des ordures ménagères.

Ils se répartissent de la façon suivante par type de chantier :

Les déchets de démolition et de dépose se caractérisent donc par un volume et un poids très nettement supérieurs à ceux des autres déchets de chantier. Les déchets issus de la construction neuve et de la reconstruction sont souvent "propres" ou pourraient l’être s’ils étaient triés à la source (notamment les emballages). Ils proviennent d’une multitude de produits et matériaux, générés en faibles quantités ; leur gisement est variable dans l’espace et dans le temps, au gré des chantiers.

L’élimination de l’ensemble des déchets de chantier représente aujourd’hui environ 2 % du chiffre d’affaires global du secteur Bâtiment, soit environ 9 milliards de F HT. Ce chiffre ne cesse d’augmenter en raison de l’accroissement des coûts de traitement ou de stockage des déchets : l’enjeu économique est important.

La Loi n°92-646 du 13 juillet 1992 (modifiant la Loi 75-633 du 15 juillet 1975 relative à l’élimination des déchets et à la récupération des matériaux) définit le responsable de l’élimination des déchets : c’est leur producteur ou leur détenteur. Elle précise en outre qu’à compter du 1er juillet 2002, les installations de stockage des déchets ne seront autorisées à accueillir que des déchets ultimes.

La deuxième version du Guide relatif aux Déchets de Chantier à l’Usage des Professionnels du Bâtiment, auquel ont notamment participé les Ministères du Logement et de l’Environnement, la FNB, l’ADEME et le CSTB, fait le point sur l’ensemble de la question des déchets de chantier et sera disponible auprès des organismes sus-cités d’ici fin 1997.

L’accroissement des exigences de la réglementation, notamment la Loi du 13 juillet 1992, rend nécessaire la maîtrise des flux de déchets. Face à l’éloignement et à la raréfaction des installations de stockage, aux coûts sans cesse croissants du stockage et des taxes, il est indispensable de réduire la production des déchets à la source, puis de privilégier le traitement et la valorisation par réemploi, réutilisation, recyclage ou valorisation énergétique. Ces deux démarches sont devenues des priorités incontournables.

La gestion des déchets générés sur un chantier de construction ou de réhabilitation de bâtiment peut s’envisager selon trois axes : une réflexion sur les flux entrants, une réflexion sur les flux sortants et une réflexion sur les aspects techniques et organisationnels des solutions mises en œuvre sur le chantier.

Le mode d’approvisionnement des matériaux et produits sur un chantier influe sur les quantités de déchets générées du fait des quantités approvisionnées à chaque livraison, des dimensions des matériaux et produits proposés par le fabricant, de leur conditionnement. Par exemple, une quantité de matériaux et produits inadaptée aux moyens d’entreposage disponibles sur le chantier induit des risques de dégradation et de casse, sources de déchets.

Une réflexion commune est nécessaire entre les fabricants des produits et matériaux du bâtiment et les entreprises qui les mettent en œuvre. Elle doit porter sur l’étude de systèmes de conditionnement réduisant au maximum les quantités d’emballages, notamment ceux non réutilisables et difficiles à valoriser, tout en prenant en compte les contraintes liées à la manutention et à l’organisation sur le chantier. Les produits pourraient par ailleurs être conçus de façon à minimiser les chutes de mise en œuvre, ce qui dépend de l’adéquation des dimensions de chaque unité à l’emploi envisagé.

Réduction de la production de déchets

Une politique de gestion des déchets de chantier doit, tout d’abord, viser une réduction à la source en quantité et en toxicité, suivie d’une valorisation des déchets quand des filières locales le permettent.

Par ailleurs, une minimisation des casses et dégradations diverses repose, pour une grande part, sur le choix de moyens logistiques souvent simples auxquels il convient de réfléchir dès la phase de préparation de chantier.

Des actions doivent également être menées au niveau de la conception des bâtiments. Le choix des techniques mises en œuvre et des produits et matériaux utilisés, influe sur les quantités et natures de déchets plus ou moins aisés à valoriser et plus ou moins nocifs : calepinage, précision des plans et des réservations,... Ces différents points doivent faire l’objet d’une réflexion entre le concepteur et les entreprises. Chaque corps de métier doit envisager de nouvelles méthodes permettant de produire moins de déchets.

 

Témoignage : Philippe PINTIAUX - SA HLM SLE de Lille - Maître d’Ouvrage

Michel VANLERBERGHE, OTH - Bureau d’Etudes Techniques

Chantier Vert de Wambrechies

Une source d’économies

"Un bailleur-social est très soucieux de l’analyse de la valeur ; or il est conscient qu’une préparation rigoureuse des chantiers et une gestion des déchets permettent de réaliser des économies.

Limiter les déchets à la source apporte une économie sur le coût de construction et facilite l’obtention d’un chantier propre. Nous avons choisi de réduire les déchets, particulièrement volumineux, des cloisons de doublage en pratiquant un calepinage précis des panneaux à poser. Les entreprises travaillant en corps d’état séparés y ont été sensibilisées bien avant le démarrage du chantier. Avant tout, les différents chefs de chantier doivent s’accorder entre eux et chacun doit vraiment adhérer à la démarche.

D’une façon générale, les chantiers "verts" ne doivent pas être des projets de "cols blancs". Ils doivent être préparés par des personnes qui connaissent le chantier et ceux qui y travaillent. Et ils doivent engendrer une méthodologie reproductible."

 

Ces aspects techniques et organisationnels, qui influent sur la production de déchets, font partie intégrante d’une démarche globale sur la qualité. Tous les acteurs du chantier, concepteur, personnel d’encadrement, compagnons, doivent y être sensibilisés.

Pré-tri des déchets

Trier les déchets à la source, sur le chantier, est plus aisé que les trier après mélange et évite les souillures potentielles. Le niveau de tri à retenir est fonction du type et de la taille du chantier, des infrastructures et des filières de valorisation locales. Le degré de tri sera donc différent d’une région à une autre comme d’un chantier à un autre sur une même commune.

Dans tous les cas de figure, les DIS (Déchets Industriels Spéciaux) doivent déjà être séparés ; un tri entre les déchets "inertes" et les DIB (Déchets Industriels Banals) devait être systématiquement envisagé.

La pratique actuelle consiste à envoyer la quasi-totalité des déchets générés sur les chantiers en installation de stockage. Elle ne pourra évoluer qu’en fonction des mises en place de centres de tri et regroupement et de filières de valorisation, en complément de centres de stockage.

Cette nécessaire croissance du recours à la valorisation, à la place du stockage, concerne l’ensemble des déchets issus de chantiers : matériaux, produits et équipements. Tous les acteurs professionnels sont concernés du maître d’ouvrage à l’industriel, ainsi que les collectivités et les pouvoirs publics locaux qui élaborent les plans départementaux ou régionaux d’élimination des déchets. Une réflexion tant nationale que locale s’impose.

Caractéristiques actuelles des types d’installations de stockage de déchets

Type de stockage

Type de déchets industriels acceptés

Contrôle de la composition des déchets

Coût en FHT/t

Classe I

Déchets Industriels Spéciaux (essentiellement solides, minéraux, stabilisés à court terme)

• Test de lixiviation • Limitations sur : PH, partie organique et biologique .....

de 450 à 1100*

Classe II

Déchets Industriels Banals

Contrôle visuel

de 100 à 350

Classe III

Déchets "Inertes"

Contrôle visuel

de 0 à 80

* Le coût ne comprend pas le pré-traitement ou la stabilisation.

Deux textes réglementaires concernant directement les déchets de chantier sont en

préparation au Ministère de l’Environnement :

– un décret relatif aux différentes catégories de déchets classés en fonction de leurs propriétés de danger,

– un arrêté ministériel relatif aux décharges existantes et aux nouvelles installations de stockage de déchets ménagers et assimilés (classe II).

En outre le Décret 94-609 du 13 juillet 1994, relatif aux déchets d’emballage dont les détenteurs ne sont pas les ménages, oblige les entreprises produisant des déchets d’emballages industriels et commerciaux à les (faire) valoriser. Ils doivent par ailleurs être stockés sur le chantier dans des conditions propres à favoriser leur valorisation ultérieure. La seule exception concerne les entreprises produisant moins de 1 100 litres par semaine et utilisant, pour les éliminer, les services de collecte des ordures de la commune.

Le brûlage sauvage des déchets sur le chantier ou en dehors est interdit (article 84 du Règlement sanitaire départemental type et article 7 de la Loi 75-633 du 15 juillet 1975 modifiée). Les déchets doivent être éliminés par des opérateurs autorisés, le plus souvent dans des installations classées (Loi 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement).

Pour aller dans le sens de la réglementation, il convient, avant le démarrage des travaux, de rechercher les possibilités locales et économiquement viables de valorisation des déchets.

La différenciation des flux sortants dépend de l’existence de filières spécifiques viables et de la possibilité de trier le matériau correspondant à la filière. Pour ce faire, il est nécessaire de consulter en amont, d’une part, des organismes locaux comme les DRIRE, les Délégations régionales de l’ADEME, les Fédérations locales du BTP et les CAPEB départementales, d’autre part, les Plans régionaux et départementaux d’élimination des déchets, et les plans spécifiques aux déchets de chantier quand ils existent.

La comparaison entre plusieurs filières pour un même déchet est effectuée sur les critères suivants :

• intérêt de l’interlocuteur pour la démarche,

• prix de reprise du matériau,

• distance du chantier au siège de l’entreprise de récupération,

• possibilité et prix de location du matériel de stockage,

• coût du transport,

• polyvalence (récupération de plusieurs types de déchets),

• collaboration avec un autre récupérateur ou avec un sous-traitant,

• prestation de service (dépose de matériel en réhabilitation).

La cotation de ces critères peut être ramenée à une évaluation économique.

Sommaire "Chantiers verts"

 

 

pucevert.GIF (255 octets) RÉUSSIR UN CHANTIER INTÉGRANT L’ENVIRONNEMENT Retour au sommaire chantiers verts


Le programme "Chantiers Verts" a permis de mettre en évidence des solutions techniques et des méthodes organisationnelles, pour répondre aux nouveaux enjeux environnementaux des chantiers de construction neuve ou de réhabilitation. Ces solutions et méthodes sont présentées dans les fiches d’opération jointes à ce document.

Les réalisations expérimentales ont aussi été l’occasion de développer la réflexion de l’ensemble des acteurs de la construction, sur le rôle qu’ils pourraient ou devraient jouer dans un processus complet de prise en compte de l’environnement sur les chantiers.

Sont proposées, dans cette partie du document, quelques pistes prospectives sur les moyens d’action à mettre en œuvre, à chaque phase d’un projet, pour que la gestion de la qualité environnementale des opérations de construction ne soit plus un vœu pieux mais puisse devenir une réalité accessible. Toutes n’ont pu être testées sur le terrain mais ces suggestions sont le résultat d’observations critiques et d’échanges multiples avec les équipes et les suiveurs des Chantiers Verts.


Les bénéfices attendus

Les impacts environnementaux seront demain une préoccupation majeure pour tous : pouvoirs publics, acteurs de la construction, médias et société. Apprendre dès maintenant à les prendre en compte pour mieux les maîtriser sera une source d’économies et de plus-values pour les professionnels du bâtiment.

• L’image et le savoir-faire

Respecter les hommes et l’environnement devient aujourd’hui une obligation, notamment sous la pression des médias et de l’opinion publique. L’ensemble des métiers du bâtiment a tout à gagner en affichant une volonté constante dans la réduction des nuisances sur le chantier.

Le maître d’ouvrage pourra, autour de ce thème, développer l’image d’un décideur et gestionnaire averti de son patrimoine et de ses usagers. Communiquer autour du chantier, solliciter des solutions aux problèmes du bruit, autant d’idées pour limiter les mécontentements et donc les plaintes. La maîtrise d’œuvre devra être aussi au cœur du nouveau dialogue bâtiment-environnement. Les REX Haute Qualité Environnementale le montrent (cf. document réalisé sur les REX HQE par le PCA et le CSTB). Quant à l’entreprise, elle est la plus à même d’exploiter ses compétences et ses connaissances techniques et organisationnelles pour proposer des solutions positives aux problèmes posés par les chantiers à leur environnement. Cette thématique encore originale lui donne l’occasion de revaloriser le métier des hommes qu’elle emploie et ses propres réalisations.

• La qualité et les conditions de travail

La prise en compte de l’environnement sur le chantier n’est pas sans répercussions sur la qualité de la réalisation des travaux, ni sur les conditions de travail des compagnons. Elle renforce la préparation du chantier, qui est primordiale pour réduire le nombre de défauts et d’erreurs. Elle affine la programmation en obligeant à prévoir de nouvelles prescriptions. Elle intervient sur la logistique des engins de chantier et la mécanisation de tâches jusqu’alors négligées, non comptabilisées et pénibles. En améliorant la propreté du chantier, de ses accès et des circulations, elle peut contribuer à la réduction des accidents de travail. Elle permet, enfin, d’introduire de nouvelles pratiques ou de nouveaux matériaux ou procédés.

Les opérations expérimentales l’ont prouvé : l’optimisation de la gestion de l’environnement va dans le sens d’une meilleure qualité des réalisations. Par exemple, réduire la quantité de déchets produite par le chantier, en soignant les réservations et en procédant au calepinage, génère une limitation des reprises, donc une diminution de la non-qualité et de ses coûts induits dans le processus de construction, et un gain de temps.

Ces améliorations dans le processus de construction se répercutent aussi sur la qualité du produit final lui-même, en optimisant les délais de réception des bâtiments et leur exploitation.

• La réglementation et les coûts

L’environnement du chantier n’est pas seulement une question d’image. L’évolution des réglementations mais aussi des contraintes technico-économiques, telles que celles du secteur de l’élimination des déchets, tend à générer des augmentations de coûts sur les chantiers qui ne pourront plus être supportés par les seules entreprises.

En 1996, le prix de la tonne de déchets "inertes" triés en installation de stockage de classe III varie entre 0 et 80 F, tandis que le prix de la tonne de déchets non triés en classe II coûte entre 100 et 350 F, soit en moyenne quatre fois plus cher. De même les éventuels retards, dus à des restrictions horaires (localement réglementées) pour le bruit des engins, sont une incitation à la recherche de solutions moins bruyantes. Le nettoyage des abords, la diminution des poussières, la réduction de la pollution des sols et des eaux, la communication avec les riverains sont d’autres façons de mieux intégrer un chantier dans son environnement ; elles peuvent apporter des retours profitables aux investissements consentis.

Ces exemples illustrent bien l’intérêt de développer très rapidement l’ensemble des solutions visant à optimiser les coûts de gestion de l’environnement sur un chantier. Les fiches d’opération jointes en sont des illustrations.

Mais le recours à ces options ne se décrète pas sans réflexion, ni préparation, et nécessite d’impliquer l’ensemble des acteurs de la construction dans cette voie. Leurs rôles doivent être redéfinis de façon à partager les responsabilités qu’elles soient techniques ou économiques.

 

En tant que commanditaire, le maître d’ouvrage ou son conducteur d’opération peut influer fortement sur le déroulement du chantier. Déchets, bruits, poussières et produits polluants seront notablement diminués si l’engagement du maître d’ouvrage à réduire ces nuisances est clairement affiché et soutenu par l’attribution des moyens nécessaires. Des prescriptions à caractère environnemental doivent être formalisées dans son cahier des charges, son programme et les documents contractuels de ses prestataires. Les entreprises choisies doivent être sensibles à ces problèmes.

Les conditions d’optimisation de la gestion environnementale des chantiers se préparent dès l’amont. Chaque phase est concernée comme le résume le tableau ci-dessous.

 

Maîtrise d’ouvrage

Maîtrise d’œuvre

Entreprises

Faisabilité

X

   

Programme

X

   

Choix du concepteur

X

   

Études conception

X

X

 

Choix des entreprises

X

X

X

Préparation de chantier

(X)

X

X

Chantier

(X)

X

X

Réception

X

X

X

Exploitation

X

 

X

La maîtrise d’œuvre a un rôle charnière qu’elle ne saurait jouer sans l’engagement des deux autres catégories d’acteurs. Le conducteur d’opération et le bureau de contrôle sont à intégrer lorsqu’ils sont présents ; ils doivent être des forces de proposition et de validation

de solutions. Les entreprises, qui aujourd’hui disparaissent dès la réception, devront peut-être dans l’avenir assurer la maintenance et l’entretien du bâtiment qu’elles ont construit. Pourrait être envisagé un "carnet de santé-environnement" que les différents propriétaires se transmettraient et que les entreprises consulteraient et complèteraient au fur et à mesure de leurs interventions tout au long de la vie du bâtiment. L’exemple de l’amiante est un précédent dont les conséquences sur la santé et les budgets sont trop lourdes pour ne pas influer sur l’organisation future des processus de construction.

 

Les trois niveaux d’intervenants sont donc étroitement liés. La maîtrise d’œuvre détient une position clé, avec un double rôle de conseil du maître d’ouvrage et de suiveur du chantier. Elle semble la mieux placée pour coordonner la gestion de l’environnement dans les différents stades de la construction, car elle intervient sur le chantier de la conception à la réception et a un contact direct avec tous les intervenants en amont et en aval. Ces nouvelles responsabilités peuvent assez facilement s’intégrer dans le cadre de sa mission habituelle.

Le pilote, le conducteur d’opérations, le conducteur de travaux de l’entreprise générale ou du mandataire du groupement, le coordonnateur santé-sécurité sont bien sûr aussi directement concernés.

Le recadrage de la mission, et donc de la rémunération de chacun des acteurs, doit être contrebalancé par des gains. Ceux-ci sont générés soit directement sur d’autres postes, soit par la disparition des coûts masqués de non-qualité.

Sommaire "Chantiers verts"


pucever.GIF (255 octets) Un maître d’ouvrage responsable et impliqué Retour au sommaire chantiers verts

Le maître d’ouvrage est le point de départ de la maîtrise des nuisances environnementales des opérations de construction. Instigateur et responsable du projet dans son ensemble, il peut faire participer les services municipaux à cette prise en compte, intégrer des objectifs environnementaux dans le processus de sélection de la maîtrise d’œuvre et des entreprises, etc. Les solutions et les idées seront souvent apportées par les entreprises mais le maître d’ouvrage doit leur donner les moyens de les rechercher, et prévoir leur suivi et contrôle. Le maître d’ouvrage doit aussi veiller au respect des obligations réglementaires. Mais respecter la réglementation ne doit être qu’un plancher sur lequel prendre appui pour aller plus loin et obtenir des résultats plus satisfaisants d’un point de vue économique et environnemental.

 

L’environnement fait aujourd’hui partie intégrante de la programmation. Il devient un des critères de validité sur l’opportunité même du projet, avant de s’interroger sur sa faisabilité. Dès les phases pré-opérationnelles, le maître d’ouvrage doit planifier ses cibles et mettre en place une concertation afin que les nombreux intervenants puissent communiquer.

Lors des études d’opportunité et de pré-faisabilité, le maître d’ouvrage étudie dans les différents scénarios envisagés l’ensemble des contraintes propres aux sites potentiels de la future construction telles qu’accès, nature du sol, règlement d’urbanisme. La solution retenue doit tenir compte de ces éléments, qui devront être clairement formulés en terme d’objectifs lors du lancement de l’opération.

Ces objectifs doivent être poursuivis dans les études de faisabilité au même titre que les questions de coûts et de délais. Il est alors possible de réaliser une sorte "d’étude d’impact" du futur bâtiment, au regard des nuisances que sa réalisation est susceptible d’engendrer, en y incluant les actions correctives potentielles déjà identifiables notamment grâce aux contacts avec les collectivités locales.

A l’initiative du maître d’ouvrage, les riverains du projet ou toute personne susceptible d’être concernée par ses impacts environnementaux peuvent être associés dans la phase de programme. Cela peut être l’occasion, pour le maître d’ouvrage, de communiquer autour de son projet et d’avoir un retour direct sur la perception de son ouvrage par la population locale, d’ouvrir un dialogue avec les riverains et de les impliquer dans le processus de l’opération.

 

Témoignage : Brigitte GUIGOU - sociologue au CSTB,

Chantier Vert d’Hellemmes

Nuisances annoncées sont à moitié pardonnées

"Les responsables du chantier souhaitaient cerner les inquiétudes amont des riverains puis les problèmes réellement soulevés. Ils étaient ouverts à toutes suggestions.

A cet effet une enquête a été menée auprès d’une vingtaine de personnes du voisinage, puis deux réunions ont été organisées, avant et pendant le chantier, avec des habitants et des travailleurs riverains.

Ces actions ont désamorcé les problèmes ; les participants ont servi de relais avec le voisinage, un courant de convivialité s’est créé. En outre, les riverains ont eu, en permanence sur le chantier, un interlocuteur issu de l’entreprise générale, qui s’est largement impliqué dans cette démarche.

Par ailleurs, ces contacts ont démontré que les riverains étaient moins sensibles aux bruits qu’à d’autres nuisances : poussières, circulation, sécurité, brouillage des émissions et qu’il est important de les informer sur les types de travaux, les délais,

le futur bâtiment et ses habitants..."

 

Quel que soit le mode de sélection des équipes de maîtrise d’œuvre, les présélectionnées doivent être sensibilisées aux enjeux environnementaux du projet.

Le dossier de consultation comprend alors, outre les exigences environnementales spécifiques du programme, la définition de la mission de maîtrise d’œuvre. Des éléments de mission "environnement" peuvent y être intégrés ; ils devront être repris dans le contrat, plus particulièrement dans le CCTP correspondant (cf. "le suivi des prescriptions environnementales").

La maîtrise d’ouvrage organise souvent des réunions préparatoires "questions-réponses" ou d’information avec les candidats ; celles-ci sont des moments privilégiés pour une sensibilisation.

 

Afficher une volonté forte en matière de prescriptions environnementales n’a de sens que si ces attentes sont traduites dans la consultation des entreprises et si un suivi des exigences retenues, par l’encadrement du chantier, est prévu.

Compte-tenu du nombre d’intervenants déjà très important sur un chantier et de la complexité d’une opération de construction, il n’est pas question d’introduire un nouvel intervenant du type "homme vert". La solution la plus pertinente semble d’étendre la mission d’un des acteurs déjà en place et présent pendant toute la durée du chantier.

Le maître d’œuvre ou le pilote paraissent les mieux positionnés pour le suivi environnemental — cette nouvelle fonction est compatible avec leur mission habituelle de suivi du chantier et de gestion des interfaces entre acteurs.

Quel que soit l’intervenant retenu, il est essentiel que le maître d’ouvrage ait prévu l’extension de sa mission dans son cahier des charges.

Le coordonnateur santé-sécurité

Définie par la Loi 93-1418 du 31 décembre 1993 et par le Décret d’application 94-1156 du 26 décembre 1994, la mission du coordonnateur "SPS" intègre des préoccupations environnementales :

– conditions de circulation des véhicules et des personnes sur le chantier,

– conditions d’évacuation des déchets,

– suppression ou maîtrise des nuisances pouvant porter atteinte à la santé des travailleurs, telles que bruit, émanations et poussières, substances et produits toxiques ou dangereux, etc.

Les mesures de prévention correspondantes doivent être définies dès la phase de conception puis intégrées au Plan Général de Coordination joint aux marchés de travaux.

Le coordonnateur "SPS" est donc un partenaire incontournable de toute démarche de qualité environnementale du chantier. Mais le suivi d’une telle démarche volontaire du maître d’ouvrage dépasse les limites du cadre légal qui détermine le contenu de sa mission.

Le suivi environnemental a pour objet de vérifier que les engagements du maître d’ouvrage et des entreprises sont bien respectés et de permettre une optimisation constante pendant le chantier des solutions envisagées. Une évaluation en cours et en fin de chantier, pour rectifier les dérives et faire le point des aspects positifs et négatifs, apparaît extrêmement utile. Elle permet aux différents partenaires d’améliorer, en temps réel, les conditions de gestion du chantier et de capitaliser leurs expériences pour les reproduire. Elle est indispensable aux futures préparations de nouveaux chantiers.

Le chantier vert de Besançon a été l’occasion de mettre au point un outil dans ce but : un plan environnement. Inspiré des plans de coordination et des plans qualité, ce document, évolutif, permet une adaptation permanente sur la durée du chantier des moyens mis en œuvre pour optimiser la gestion de la qualité environnementale du chantier.

Pour être pleinement efficace, le suivi doit se poursuivre tout au long du chantier, notamment quand interviennent des entreprises sous-traitantes dont les contraintes varient selon le corps d’état auquel elles appartiennent.

Quand il y a des sous-traitances en cascade sur lesquelles le maître d’ouvrage n’a plus de lisibilité, un suivi officiellement prévu et connu de tous les intervenants du chantier doit permettre à l’entreprise titulaire de prendre les dispositions nécessaires dans ses relations avec ses sous-traitants (contrats, suivi sur chantier), pour que les engagements pris avec la maîtrise d’ouvrage soient effectivement respectés.

Le contrôle hors chantier de l’acheminement des déchets vers des lieux autorisés ne relève pas des devoirs du maître d’ouvrage, qui n’a pas à se substituer au pouvoir de police (notamment pour les déchets dangereux). Cependant, la signature par le centre de réception des déchets d’un bordereau de suivi, à remettre par l’entreprise à la maîtrise d’ouvrage, serait un garde-fou contre les mauvaises pratiques et une protection contre d’éventuels problèmes ultérieurs. Il s’agit d’une démarche volontaire à l’initiative du maître d’ouvrage.

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pucever.GIF (255 octets) Le relais de la maîtrise d’œuvre Retour au sommaire chantiers verts

Si le maître d’ouvrage arrive le premier dans la liste des acteurs, les allers et retours

entre lui et sa maîtrise d’œuvre (avec toutes ses composantes : architecte, BET, économiste...) mettent en valeur le devoir de conseil que l’équipe de maîtrise d’œuvre doit exercer. La complexité croissante des missions renforce le rôle de meneur d’équipe que la maîtrise d’œuvre peut jouer sur le chantier. Dans bien des cas, les modifications des pratiques sur le chantier, concernant l’environnement, passeront par une sensibilisation des maîtres d’œuvre et des économistes. Ceux-ci devront ensuite être un relais fort d’information et de sensibilisation notamment auprès des entreprises encore "novices" sur les thèmes environnementaux.

Le maître d’œuvre doit aussi traduire la volonté du maître d’ouvrage. Il rédige les cahiers des charges techniques, en introduisant les changements induits par une nouvelle façon de considérer le chantier. En matière de déchets, la modification des réglementations n’a pas suffi à modifier les habitudes ; actuellement, les CCTP types ne font aucunement mention des déchets sauf en indiquant que le maître d’ouvrage peut faire intervenir une société de nettoyage aux frais de l’entreprise négligente qui n’a pas évacué et nettoyé ses gravois (en application de la recommandation T1-91 de la Commission Centrale des Marchés).

Par ailleurs, la pollution des sols et des eaux par le chantier n’est pas réprimandée jusqu’à présent mais pourrait l’être dans un avenir proche, ces questions étant déjà portées devant les tribunaux dans d’autres pays européens.

L’équipe de maîtrise d’œuvre ne peut investir dans l’environnement qu’avec l’accord du maître d’ouvrage. Elle doit le rendre sensible à l’obligation de consacrer plus d’attention, de temps et de moyens qu’auparavant à la gestion des déchets, à la réduction du bruit, des poussières et des pollutions pour les hommes ou pour l’environnement. Elle doit aussi mettre en évidence les gains attendus sur d’autres postes.

 

Le maître d’ouvrage doit relayer son engagement vis-à-vis de l’environnement, auprès des entreprises, par la maîtrise d’œuvre qui rédige les documents du marché.

Dans le dossier de consultation des entreprises (DCE), des demandes spécifiques concernant l’environnement doivent apparaître. Elles peuvent se traduire par la nécessité de voir figurer dans les réponses des entreprises tous les éléments permettant de :

Le choix de ces éléments est fonction de chaque chantier et des contraintes qui s’y rapportent.

L’attention des entreprises est ainsi mobilisée sur des exigences environnementales claires et une même règle du jeu pour tous. Il n’est pas question d’un "critère environnemental" supplémentaire et plus ou moins optionnel mais d’une demande intégrée à l’acte de construire.

Ces exigences doivent être intégrées dans les CCAP et les CCTP et déclinées dans les différents chapitres des contrats : celui de la maîtrise d’œuvre pour le suivi (cf. paragraphe "suivi des prescriptions"), celui des entreprises soumissionnaires pour chacun des lots.

C’est ensuite à ces entreprises soumissionnaires de promouvoir leur compétence et leurs solutions dans leurs offres.

Une réflexion est en cours au Ministère de l’Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme pour mettre en place des outils de prescription tels que des clauses types à introduire dans les modèles de CCTP et CCAP existants pour les marchés publics.

Dans les marchés privés, les maîtres d’ouvrage se conforment généralement au CCAG proposé par la norme NF P 03-001, adapté du CCAG des marchés publics. Mais ils sont libres d’y ajouter ou d’en retirer des clauses ou de préparer leurs propres documents contractuels.

Le CCAG-travaux envisage une période de préparation pendant laquelle maître d’ouvrage, maître d’œuvre et entreprise prennent les dispositions préparatoires à l’exécution des travaux. Une gestion améliorée de l’environnement du chantier pourrait se loger dans ce cadre (cf. "la préparation de chantier").

La modification des pièces contractuelles est une façon simple et accessible pour entraîner un changement des pratiques des entreprises et pour améliorer la gestion environnementale des chantiers. Chaque maître d’ouvrage a l’opportunité de moduler et rédiger ces documents en fonction de ses objectifs, de ses priorités et de ses contraintes, dans le cadre réglementaire existant.

 

La maîtrise d’œuvre peut faire un choix dès le DCE, en accord avec le maître d’ouvrage, quant aux modes de gestion des déchets.

Elle peut par exemple envisager de créer un lot spécifique déchets. Cette méthode n’a pas été testée dans les REX Chantiers Verts mais d’autres expériences tendent à mettre en évidence la difficulté de gérer un tel lot. Des outils de quantification des déchets, adaptés aux chantiers, ne sont pas encore disponibles et les maîtres d’ouvrage ne sont, pour l’instant, pas assez armés pour évaluer les réponses à ce lot. De plus, un tel lot doit entraîner l’affichage de moins-values pour les entreprises de travaux, ce qui est difficile à mettre en place.

Une autre solution consiste à confier l’ensemble de la gestion logistique des déchets, sur le chantier, à l’entreprise générale ou au mandataire du groupement, ce qui a été fait sur les Chantiers Verts. Les résultats sont bons dès lors que l’entreprise s’implique suffisamment, notamment dans les interfaces avec les entreprises de second œuvre (cf. "le positionnement des entreprises").

Quelle que soit la solution retenue, elle tend à faire sortir la gestion des déchets du compte interentreprises (cf. chapitre sur la préparation de chantier). Le choix d’une solution peut dépendre du mode de dévolution des marchés et de l’estimation faite en amont du chantier des volumes, natures et coûts liés aux déchets.

Cette estimation implique l’architecte dans la recherche d’une réduction des volumes des déchets, selon les caractéristiques architecturales du bâtiment et les matériaux choisis : calepinages, matériaux ou produits générant peu de déchets, non toxiques, recyclables, etc. Elle renseigne en outre sur l’intérêt d’un tri et selon quels principes.

Le repérage des Déchets Industriels Spéciaux (DIS), comme l’amiante lors des déposes en réhabilitation ou comme certains bois traités, peut être intégré dans le CCTP. Certains déchets, comme le plâtre, pourraient à l’avenir nécessiter un stockage spécifique ; cette exigence sera alors utilement introduite dans un document contractuel.

 

La prise en compte de la démolition, au moment de la conception du bâtiment, est une démarche analogue à celle attendue des industriels sur les emballages de leurs produits. Cependant, elle concerne les démolitions qui s’effectueront dans un demi-siècle et nul ne peut dire quelles seront les conditions de la démolition et de la valorisation en 2050 ou 2100.

Par ailleurs le maître d’œuvre peut aussi intégrer l’environnement dans la conception des bâtiments sous de nombreux autres aspects (détaillés dans le document sur les REX HQE, Haute Qualité Environnementale, du PCA et du CSTB) : gestion de l’eau, performances thermiques, insertion dans l’environnement immédiat, produits et matériaux non nocifs envers l’environnement, etc.

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pucever.GIF (255 octets) Le rôle et le positionnement des entreprises Retour au sommaire chantiers verts

Responsables de la réalisation des travaux qui leur sont confiés, les entreprises doivent mettre en œuvre toutes les solutions techniques propres à réduire les gênes à l’environnement.

L’introduction de prescriptions environnementales dans leur cahier des charges va transférer sur elles un certain nombre d’exigences qu’elles devront respecter dans le cadre réglementaire (environnement, travail, santé...) en vigueur.

Cela implique, dès maintenant, une réflexion de leur part sur l’adaptation de leur méthodes et outils de travail et de leur organisation pour mieux répondre à ces nouvelles demandes.

 

• La nouveauté

Les préoccupations environnementales obligent à une préparation plus complète des projets et à choisir les entreprises sur des éléments de réponse encore inhabituels. L’intérêt des entreprises à participer à une telle démarche est primordial car l’environnement fait appel aux idées neuves.

La difficulté d’estimer les coûts concernant les déchets de façon fine est l’un des handicaps au développement de leur valorisation. Les ratios de chutes par types de produits commencent à être connus mais beaucoup d’entreprises ne savent pas ce qu’elles produisent exactement comme déchets. Elles ignorent les débouchés, les coûts ou les gains des filières, le surplus de temps et de main d’œuvre nécessaires au tri, etc. La mise en place de nouvelles filières d’élimination et de valorisation, déjà variables selon les régions, est compliquée par la séparation des corps d’état, l’ensemble des déchets n’étant pas forcément géré par une seule entreprise.

Par ailleurs, pour répondre à une volonté de réduire les nuisances sonores, les entreprises retenues seront celles qui connaissent le niveau de bruit de leurs machines, les entretiennent, s’équipent d’engins plus silencieux, ont réfléchi à de nouvelles façons de travailler et se préoccupent des conditions de travail de leurs compagnons.

• La dévolution des marchés et la sous-traitance

L’engagement d’une entreprise générale ou du mandataire d’un groupement d’entreprises n’est qu’un début. Les sous-traitants et les entreprises du groupement ou de chaque lot doivent aussi se sentir concernés, l’accepter dans leur contrat, sensibiliser leur personnel. Le travail pédagogique et une coordination avec les sous-traitants pour un respect des consignes ne doivent pas être sous-estimés. Les expérimentations "Chantiers Verts" montrent qu’on n’insiste jamais assez sur les procédures nouvelles et qu’il n’est pas toujours facile de les faire accepter. Le nettoyage du chantier et la limitation des poussières supposent également de nouvelles façons de s’organiser et de travailler.

A cet effet, les sous-traitants doivent être invités à participer aux discussions d’élaboration des procédures ou être informés de celles-ci lorsqu’ils arrivent en cours de route. Ces procédures doivent pouvoir s’intégrer dans un cadre souple qui permettrait de prendre en compte leurs contraintes spécifiques.

 

Témoignage : Patrick Martin - BETREC - Suiveur Régional

Chantiers Verts de Chambéry et Voglans

"Le pré-tri des déchets sur un chantier doit s’inscrire dans les gestes des compagnons, afin de respecter les usages. Une approche théorique, qui n’intégrerait

pas assez la logistique du chantier et les pratiques des compagnons, conduirait à

un échec.

L’enjeu doit être clairement exprimé, puis le chantier doit être programmé et organisé de façon à pouvoir le concrétiser : limiter le tri aux déchets aisément reconnaissables, afficher des pictogrammes sur les bennes, concevoir le pré-tri en fonction de chaque corps d’état...

La réussite du pré-tri dépend aussi du type de chantier et de bâti, et des filières de recyclage. Si le flux est assez important, une récupération par des entreprises de tri spécialisées peut être envisagée."

 

Certaines méthodes de travail sont à adapter, comme celle du travail à la tâche. Payé au m2 effectué, le tâcheron n’a aucune envie de ralentir sa cadence et de diminuer sa rémunération pour trier (voire simplement ramasser) ses déchets.

Il faut veiller à ce que l’information atteigne bien les hommes du terrain qui seront chargés d’exécuter les consignes ; il est bon de les motiver en annonçant dès le départ qu’un bilan sera réalisé en fin d’étape ou de chantier.

En effet, d’une manière générale, les entreprises sous-traitantes ont manifesté quelques réticences à s’insérer dans les programmes expérimentaux. Soit leur intérêt financier pour ces évolutions est moins conséquent que celui des entreprises générales, soit elles n’ont pas été consultées suffisamment en amont pour avoir la possibilité de proposer leurs propres solutions et elles se retrouvent alors devant un fait accompli qui les désavantage.

La formation in situ peut aussi moins bien fonctionner en cours de chantier qu’au début, les entreprises sous-traitantes ne bénéficiant pas alors d’autant d’attentions que les premiers intervenants.

 

Que les entreprises soient mandataires, co-traitantes ou sous-traitantes, leur organisation doit être compatible avec les nouvelles exigences environnementales. Peu d’entre elles ont une expérience dans ce secteur mais elles doivent toutes au minimum souhaiter l’acquérir, avec l’aide du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre. Une réflexion en amont du démarrage du chantier semble indispensable, en incluant le maximum d’entreprises participantes. Les enseignements retirés par les entreprises qui ont participé à l’expérimentation Chantiers Verts sont positifs aux plans relationnels et professionnels. Il revient maintenant aux entreprises d’être conscientes des enjeux environnementaux et de développer les nouvelles compétences qu’ils nécessitent.

L’engagement du maître d’ouvrage est le gage que l’entreprise dispose désormais d’une reconnaissance officielle des enjeux des nouvelles réglementations concernant les déchets, et donc des coûts potentiels. Elle ne risque plus d’être pénalisée face à des concurrents moins scrupuleux et de perdre un marché en affichant des prix qui intègrent le coût légal de l’élimination des déchets.

De plus, l’entreprise qui investit dans l’environnement facilite les conditions de travail de ses employés et protège leur santé, ne serait-ce qu’en privilégiant des équipements et matériels adaptés et bien entretenus. A l’avenir, les mesures de protection des travailleurs et d’amélioration des conditions de travail du bâtiment pourront contrebalancer la réputation dont pâtit parfois le monde de la construction et attirer plus de jeunes vers des professions qu’ils dédaignent aujourd’hui.

 

Témoignage : Philippe Cornette - AUXIAL - Entreprise de travaux

Chantier Vert de Montpellier

Une nouvelle compétence des entreprises

"Nous constatons que bon nombre d’entreprises sous-traitantes ne récupèrent pas leurs déchets. Sur ce chantier, elles devaient simplement mettre leurs déchets en bas des cages d’escalier. Ceux-ci étaient triés par trois personnes habitant sur le site, embauchées dans le cadre d’une insertion par l’économique. Faire appel à des personnes de la cité HLM a permis une absence de problèmes et de dégradations.

Les déchets ont été ensuite valorisés dans des filières locales. Les prestataires de service en matière de déchets maîtrisent mieux les évolutions de la réglementation et ont les supports techniques plus adaptés que les entreprises du BTP.

Ce chantier vert nous a donné l’occasion de mettre en avant, en tant qu’entreprise générale, une nouvelle compétence. Nous pensons cependant que le traitement des déchets est plus facilement applicable sur les chantiers de réhabilitation où le travail se fait en séquentiel."

• Le trio Qualité, Sécurité, Environnement

Intègrer la gestion de l’environnement dans le process de construction d’une entreprise relève d’une démarche spécifique. Cela peut revaloriser l’image de l’entreprise, faire partie de sa "culture", la différencier de ses concurrents, l’amener à évoluer en appréhendant de nouvelles façons de travailler et d’envisager ses métiers.

Cependant l’expérience a montré que les actions "environnementales" tendent à conforter celles mises en œuvre dans le domaine de la qualité ou de la sécurité. Il n’y a pas de recette miracle mais des méthodes adaptées aux ambitions et aux moyens de chacun. Les plans qualité et les préparations de chantier sont des outils dont chaque entreprise se dote et qu’elle enrichit au fur et à mesure de la progression du chantier et de l’expérience accumulée sur l’ensemble de ses réalisations dans un souci de limiter les risques et aléas liés à l’acte de bâtir. Il s’agit de "faire bien du premier coup" pour maîtriser les coûts et les délais.

Sommaire "Chantiers verts"


pucever.GIF (255 octets) Un moment capital : la préparation du chantier Retour au sommaire chantiers verts

En construction neuve, la période de préparation traite de bien d’autres problèmes que ceux des déchets, des polluants, de l’acoustique ou de la production de poussières. L’influence d’un encadrement motivé par l’environnement est ici absolument décisive.

Il peut être difficile pour l’architecte d’exprimer les solutions précises attendues des entreprises pour améliorer l’environnement du chantier et il est donc indispensable qu’ait lieu une concertation afin de faire émerger les actions réalisables. Celles-ci varieront selon les spécificités de chaque chantier et les moyens de chaque entreprise. Les fiches des opérations décrites à la suite de ce document illustrent cette diversité.

Le choix d’une technique de construction (voiles ou poteaux-poutres par exemple), d’un matériau ou d’un produit n’est neutre vis-à-vis ni des déchets engendrés, ni de l’acoustique ou de la génération de poussières. Beaucoup de points sont donc à prendre en considération pour réduire le volume et le poids des déchets, faciliter leur tri, optimiser leur valorisation, le tout avec un minimum de bruit et de pollution. Les solutions élaborées doivent être préparées avec soin et en concertation, de manière à faciliter leur mise en œuvre et de raccourcir les délais de réalisation, en évitant des erreurs et des incertitudes. Les expérimentations "Chantiers Verts" apportent de premiers enseignements sur ce type de démarche.

 

Plusieurs possibilités de gestion des déchets de chantier coexistent actuellement :

• le cas le plus classique : la gestion des déchets de chantier est intégrée dans le compte

interentreprises. Chaque entreprise s’acquitte d’un montant calculé non sur le volume ou

la toxicité de ses déchets mais proportionnellement au montant de ses travaux; sa quotepart est donc indépendante des déchets générés. Ce principe n’incite pas à des comportements responsables vis-à-vis des déchets, notamment pour les entreprises ayant en charge des lots dont le montant est relativement peu important par rapport au marché global mais dont les volumes de déchets et leur coût d’élimination représentent un pourcentage élevé.

De plus, la question du stockage puis de l’élimination est du ressort de l’entreprise gestionnaire du compte, qui passe contrat avec une entreprise spécialisée. Les objectifs à atteindre sont alors plutôt d’ordre financier et, si cette entreprise spécialisée ne subit que peu de concurrence dans sa région, elle peut dicter des conditions sans avoir à se soucier outre mesure de valorisation. Le maître d’ouvrage et son maître d’œuvre sont de toutes façons exclus du processus ;

• le cas fréquent où chaque entreprise est responsable de ses déchets et de leur élimination. Ceci se rencontre surtout avec les petites entreprises artisanales qui ont droit parfois à des forfaits dans les installations de stockage (déchetteries) gérées par les municipalités mais le plus souvent elles doivent payer et, voulant éviter cette dépense, emportent et stockent leurs déchets et recherchent d’autres solutions pour s’en débarrasser. Pour les entreprises génératrices de déchets dangereux, comme celles de peinture, des accords avec les fabricants ou les négociants existent pour la reprise des pots vides lors d’une nouvelle commande. Des filières spécifiques à une entreprise ou un corps de métier peuvent également exister, elles méritent d’être imitées !

Aucune de ces configurations (même si elles ne sont pas optimales. cf. "maîtrise d’œuvre et déchets") n’est incompatible avec un tri des déchets. Le maître d’ouvrage peut demander le détail des coûts d’élimination des déchets dans les devis, sensibilisant ainsi les entreprises à rester dans la légalité. Celles-ci ont d’ailleurs intérêt à rechercher des solutions plus ingénieuses que la simple élimination (conforme aux lois) qui devrait à terme revenir plus chère qu’un circuit de valorisation bien organisé. Encore faut-il que ce circuit existe, ce qui est loin de la réalité dans la plupart des régions.

La préparation du chantier doit être mise à profit pour rechercher les centres de tri et les filières de valorisation des déchets afin de définir un niveau de tri optimal ; par exemple il est inutile de séparer le bois des autres déchets s’il finit, faute de débouchés, par être envoyé avec les DIB en mélange en classe II. D’autres critères doivent aussi être pris en compte comme le volume des déchets concernés, la place disponible sur le chantier et la difficulté du tri lui-même car certains matériaux sont difficiles à caractériser par les compagnons sur le chantier (les différents plastiques, un bois traité et un bois non traité).

Une analyse des différentes filières disponibles localement permet d’optimiser la valorisation des déchets, en attendant un réseau suffisamment développé des filières de

valorisation. Des plans départementaux d’élimination/valorisation des déchets commencent à être publiés. A moyenne échéance ces plans seront disponibles partout. L’architecte peut également être un relais pour consulter les organismes de protection de l’environnement comme l’ADEME. Enfin, les gestionnaires des centres de tri et de valorisation sont des partenaires qui conseillent sur les choix à effectuer en fonction des filières et de leur rentabilité.

Les industriels peuvent influer sur les qualités environnementales des produits. Ils ont également un rôle à jouer vis-à-vis des déchets de construction, en récupérant leurs emballages après livraison ou usage du contenu, en changeant éventuellement la matière, en améliorant la fonction (emballages réutilisables). Une consultation avec les industriels fournisseurs peut donc amener des perfectionnements dans le colisage et la livraison, inciter à la reprise de chutes propres et concourir à une réduction du volume des déchets.

La préparation de la gestion des déchets du chantier comprend aussi une réflexion sur l’emplacement des bennes, leur proximité par rapport au poste de travail, leur délai de rotation, leur signalétique. Les consignes du tri doivent être simples, afin que tous les opérateurs sur le chantier les comprennent et les appliquent, elles ne doivent ni bouleverser les modes de travail, ni être trop pénibles physiquement. La préparation du chantier est l’occasion de regrouper des tâches et de prévoir le choix et le planning des engins de levage, qui incluent la manutention des déchets, et de l’agencement des façades, balcons, planchers qui simplifie les trajets. Le tri doit être aussi peu que possible consommateur de temps pour ne pas gêner le déroulement du chantier.

 

La réflexion sur le tri des déchets n’est que la seconde partie d’une réflexion sur les déchets qui doit d’abord se pencher sur leur réduction. Celle-ci a de toute façon pour avantage de diminuer les frais d’approvisionnement, de manutention, de transport et d’élimination, et elle facilitera un tri éventuel. Cette réflexion sur la réduction des déchets, après les choix architecturaux, concerne les entreprises qui doivent rechercher d’autres méthodes d’organisation et de travail pour éviter les erreurs, les gaspillages et les pertes.

 

Pour obtenir une réduction des nuisances acoustiques, la préparation de chantier est primordiale. Elle permet de planifier des solutions acoustiques visant à :

La prise en compte du bruit sur le chantier doit s’accompagner d’une politique de communication afin que les riverains puissent être informés, en particulier sur la durée prévisible des travaux bruyants et apprécier les efforts entrepris.

 

Lorsque les entreprises sont consultées pour trouver des solutions à un problème d’environnement, elles ont souvent des idées simples et efficaces, des gestes élémentaires qui évitent le gaspillage.

Un dialogue préalable avec les municipalités peut donner l’occasion de résoudre les problèmes de circulation et de stationnement posés par le chantier ainsi que les possibilités (contrôlées) de remblais sur des terrains proches pour les terres de terrassement. Un dialogue avec les fournisseurs peut aussi aider à planifier les livraisons : endroits de stockage, conditionnements, reprises. La fabrication sur site du béton pour un gros chantier limite les circulations de camions par rapport à l’approvisionnement en béton prêt à l’emploi. Des protections contre les poussières peuvent être prévues lors de la préparation de chantier. Etc.

 

Les expériences Chantiers Verts ont toutes mis en évidence une convergence des dispositions environnementales vers un accroissement de la sécurité du chantier et une amélioration des conditions de travail des compagnons.

Un chantier propre, rangé et silencieux ne peut de fait qu’être plus sûr pour son personnel qu’un chantier sale, mal balisé et bruyant.

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A l’instar des opérations expérimentales, il est nécessaire, pour des démarches encore novatrices, de faire un bilan en fin de chantier des actions mises en place, pour en évaluer la reproductibilité.

Ce bilan se doit de faire le point sur un certain nombre de critères majeurs parmi lesquels on peut citer :

 

Il est parfois difficile de chiffrer, voire d’évaluer, certains éléments tels que le temps passé au tri et plus encore le gain induit sur le bon déroulement de l’opération par l’amélioration du chantier en "confort", propreté et sécurité. Cependant, il est capital de pouvoir mettre en évidence les plus-values ou les éventuels surcoûts apportés par une meilleure gestion de l’environnement. Une première hiérarchie des solutions peut être ainsi obtenue dans une optique d’optimisation du rapport "qualité-prix" des actions mises en place.

 

Il est également important de mettre en évidence les difficultés techniques de mise en œuvre de certaines idées et leurs implications sur le chantier, à la fois en terme de logistique et d’organisation (gestion des flux, achat ou location de matériel...). Une telle analyse doit se replacer dans une vision globale de la filière de construction, pour faire ressortir les synergies à mettre en place avec les industriels, par exemple l’industrialisation de certains éléments, le colisage, le recyclage des chutes...

Il est enfin essentiel de vérifier que les actions mises en œuvre sont cohérentes entre elles et qu’elles ne se contrarient pas.

 

Il s’agit de pointer l’impact des solutions sur les usages habituels du chantier et de

mettre en évidence les conditions d’une bonne intégration de ces solutions dans les gestes : nécessité d’un encadrement très présent, besoins en sensibilisation-formation et outils

en conséquence (guides, fiches synthétiques...), facilité d’acceptation et d’assimilation des solutions par les compagnons et les sous-traitants, amélioration des conditions de travail induites...

Toutes les solutions techniques imaginables n’auront de sens que si elles rencontrent

l’adhésion des différents acteurs du chantier et leur satisfaction globale.

 

Les solutions retenues doivent toutes au minimum être compatibles avec les réglementations en vigueur. Mais au-delà, il est souhaitable de s’assurer, auprès des riverains du chantier ou des locataires, que les actions visant à réduire les nuisances du chantier ont bien été perçues positivement. On peut en effet se poser la question de l’intérêt d’une action novatrice (et donc potentiellement perturbante) si son résultat est passé totalement inaperçu des acteurs mêmes qu’elle visait !

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Malgré les progrès enregistrés, de nombreux points ont besoin d’être encore approfondis :

Néanmoins, la balle est désormais dans le camp du monde de la construction pour qu’il intègre, dans ses habitudes, la gestion de l’environnement. Pour que cela se fasse en douceur et efficacement, il doit garder à l’esprit trois grands principes :

Afin de mieux accompagner les professionnels de plus en plus sensibles à cette démarche, de nouveaux outils et réflexions sont déjà lancés par la Direction de l’Habitat et de la Construction, avec le soutien de ses partenaires publics et privés :

L’engagement des pouvoirs publics ne s’avère efficace que s’il rencontre la volonté d’un engagement similaire de la part des maîtres d’ouvrages, des équipes de maîtrise d’œuvre, des entreprises et de l’ensemble des professionnels, qui concourent à l’activité de la construction. L’expérimentation Chantiers Verts a mobilisé des équipes dynamiques et inventives et a permis de développer un courant fort de mobilisation sur ce thème. Elle se traduit par un engagement croissant des professionnels aussi bien sur les chantiers que dans les différentes instances locales qui travaillent à améliorer les conditions globales d’une meilleure gestion de l’environnement dans le monde du BTP.


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